La transformation digitale imposée par la crise sanitaire et la mobilisation des collectivités locales auront permis d’assurer la continuité d’exploitation des services publics, mais aussi de soutenir l’emploi et l’économie dans la sphère privée. La souveraineté — entendue comme notre capacité à maîtriser nos choix autant que leur mise en œuvre — est apparue comme une des questions majeures de cette crise. Au-delà de l’enjeu de la relocalisation de capacités et de savoir-faire, se pose la question de notre réelle capacité à être au rendez-vous de l’histoire.
Avec la French Tech, la France dispose d’un gisement visible d’entreprises innovantes : celles-ci sont parfois confrontées à l’étroitesse du marché intérieur, et souvent, mais plus encore à l’immaturité de leurs clients potentiels dont les circuits de décision sont aussi complexes qu’ignorants de la réalité et des enjeux des technologies numériques. Ceci est souvent expliqué, et en réalité aggravé par la compétition internationale puisque 85% de nos marchés de fournitures de composants numériques sont remportés par des acteurs non européens.
Or, il y a une différence entre poser un constat et baisser les bras. Cette part de marché est, pour partie, le résultat d’une absence de volonté ou de prise de risque. Bien sûr, il ne s’agit pas de reproduire les traumatismes d’Alcatel cédé à Lucent, qui fût un échec autant technologique que politique, une erreur de jugement centralisée portant sur le fond comme sur la forme.
De nombreux industriels réclament la prise en compte de la souveraineté comme critère d’analyse des marchés publics : la bonne nouvelle est que tous les outils sont en réalité déjà disponibles ! Le critère environnemental peut aussi apporter une contribution positive à ce besoin de souveraineté, ne serait-ce que pour le coût environnemental de transport d’hommes comme de fournitures.
Qu’il s’agisse de la mise à jour du seuil permettant de conclure un marché public sans publicité ni mise en concurrence préalable (relevé à 40000 € HT), ou les marchés publics permettant l’innovation aujourd’hui à 100 000€ HT, des outils permettent d’ores et déjà de nouvelles formes de collaborations privé public. Pour accompagner la reprise de l’activité, développer l’emploi et maintenir les meilleurs talents sur notre territoire, il nous revient de nous en emparer et de les mobiliser.
Les champs d’applications ne manquent pas : technologies de la smart city ou du big data, équipements d’intérêts vitaux tels que fabrication de respirateurs ou de bases de données “citoyens”, ou plus récemment sécurité informatique matérielle comme logicielle ; les nombreux piratages qui ont mis à l’arrêt des administrations ou établissements hospitaliers en pleine crise sanitaire, ont ajouté tant de difficultés insurmontables à une crise d’une ampleur aussi inédite qu’inconnue !
L’État comme les collectivités doivent mobiliser la commande publique au service de l’innovation avec pour seule contrainte une logique d’investissement avec une rentabilité du denier public mesurée assortie d’indicateurs compréhensibles par tous.
Les solutions ne manquent pas, et dans un effort collectif pour faire face à la situation, nous devons nous saisir du monde de demain et ce dès à présent.
Stephanie RAGU Medinsoft The Digital Transformation Cluster Accélérer les entrepreneurs – Accompagner les collectivités Contact Presse |